Lorsqu’ils se rendent à l’école tous les matins, les élèves d’aujourd’hui ont besoin de leur ordinateur portable, de leur tablette et d’un chargeur pour les deux. Oui, ils doivent encore apporter des livres pour le calcul, l’Histoire, les sciences et le français, mais leur temps libre est souvent accaparé par la technologie. Alors oui, ils portent des cahiers, des classeurs, des agendas, des crayons, des stylos. Ils ont aussi des biscuits, une pomme. Des petites bouteilles d’eau. Des vêtements pour le sport. Une brosse à cheveux aussi. Des cartes. Une balle de tennis ? CNN a mené l’enquête : qu’ y a-t-il vraiment à l’intérieur de ces gros sacs à dos ?
Que disent les chercheurs ?
Rien de tout cela ne surprend Karen Jacobs, professeure clinicienne en ergothérapie à l’Université de Boston. Les sacs à dos deviennent un « système de survie portatif » rempli de fournitures et de gadgets dont les élèves n’auront probablement jamais besoin. Pourtant, la règle est claire : les sacs à dos ne doivent pas peser plus de 10% du poids de l’enfant, au risque de porter préjudice à sa croissance et à sa posture. « Ils ressemblent à des tortues : ils avancent, la posture gênée », plaisante à peine Jacobs, ancien président de l’American Occupational Therapy Association, qui organise chaque automne une journée de sensibilisation en la matière. « Certains se plaignent de maux de tête, de douleurs aux épaules, au cou, au dos », prévient-il. À court terme, les élèves peuvent ressentir des maux et des douleurs, mais la plupart d’entre eux ne se rendront pas compte que les sacs à dos en sont la cause directe. Peu d’étudiants ont dit à CNN que leurs sacs à dos étaient trop lourds, bien que la plupart admettent qu’ils ont parfois du mal à les soulever et qu’il peut être inconfortable de les porter pendant plus de quelques minutes. Des recherches plus approfondies sont nécessaires pour découvrir si les sacs à dos lourds causent d’autres effets durables, voire même s’ils réduisent l’espérance de vie !
Une petite étude réalisée en 2010 sur huit enfants et publiée dans le journal Spine a révélé que les charges lourdes (+10% du poids de l’enfant) compressaient la colonne vertébrale. Une étude beaucoup plus ambitieuse, publiée dans les Archives of Disease in Childhood en 2012, n’a pas révélé d’effets importants sur le dos sur un échantillon de 1 400 élèves qui portaient des sacs à dos. Une autre étude publiée dans BioMed Research International en août 2014 a porté sur 109 enfants de 7 ans en Pologne. Elle a conclu que les sacs à dos dont le poids constitue 10% de celui de l’enfant peuvent faire pencher le dos d’une façon ou d’une autre.
Mais qu’y a-t-il dans ces sacs ?
Tous les sacs à dos n’étaient pas trop lourds dans l’étude menée par CNN. Certains élèves plus âgés ont dit qu’ils avaient appris à réduire la charge qu’ils approchaient de la terminale. Les plus jeunes portaient souvent un livre de poche, un pull et quelques crayons de couleur ou marqueurs. Jahi Polk, un élève de première année du primaire KIPP STRIVE à Atlanta, a rapporté ceci : « Une fois, j’ai dit à maman que je ne voulais plus porter mes crayons de couleur et ma pomme parce que mon cartable me fait mal ». Puis il y a Elijah Marbuary, une élève de l’école secondaire KIPP Atlanta Collegiate, qui portait le sac à dos le plus lourd que CNN a eu à peser. Il étudie la littérature, les sciences de l’environnement, la géographie et l’Histoire des États-Unis, les sciences pré-calculées, et il fait partie du gouvernement étudiant. Il rentre rarement à la maison avant 20 heures, dit-il. Ici, le poids du cartable est justifié, mais est-ce pour autant une raison de compromettre sa santé ? « J’aime juste avoir toutes mes affaires sur moi », dit-il. « Je ne veux pas déranger un professeur en lui demandant d’aller dans mon casier. » Certains n’ont pas accès aux casiers ou préfèrent ne pas les utiliser. Il y a trop de monde dans les couloirs et cela grignote sur le temps de la pause.
« Les enfants sont réceptifs à l’éducation parce qu’ils veulent apprendre et se faire des amis, ils ne veulent pas trébucher et tomber, se faire mal au dos ou marcher péniblement », explique Jacobs. « Ont-ils vraiment besoin de porter leur livre de science quand ils n’ont pas cours de science ? Et si on réduisait la taille des manuels avec un volume par trimestre ? »